Un déclin rapide précédant la fin de vie pour les malades du cancer
Le cancer est de plus en plus souvent une maladie devenue chronique et qui peut rester longtemps stabilisée par des traitements (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, immunothérapie, thérapies ciblées, etc.). Cependant à un certain stade, la maladie peut échapper aux traitements à visée curative et entrer dans sa phase terminale.
Cette phase est en général assez facilement identifiable par le médecin, comme par le patient dont l’état général se dégrade brusquement et rapidement : fatigue extrême, manque d’appétit, amaigrissement, douleurs.
Certains signaux physiques sont désormais identifiés auprès de la personne atteinte d’un cancer à l’imminence du décès: une étude publiée sur la revue The Oncologist fait état de huit signes cliniques liés à une situation de décès très proche de la personne atteinte d’un cancer : modeste réactivité de la pupille, diminution de la réponse aux stimuli verbaux et visuels, incapacité à fermer les paupières, abaissement du sillon nasogénien, hyperextension du cou, râles de la gorge et saignement du tractus gastro-intestinal supérieur.
Ces signes peuvent permettre d’aider les patients et les proches à prendre des décisions de fin de vie, par exemple l’interruption des examens et des traitements, la mise en place d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès, le choix du lieu, etc…
Que faire ?
Dans cette phase finale de la maladie, les soins palliatifs (soins de confort, de lutte contre la douleur et d’accompagnement global du patient) sont prioritaires. Il s’agit de faire au mieux pour qu’il se sente confortable, à la fois sur le plan physique, psychique, spirituel et existentiel. Pour cela, des spécialistes de soins palliatifs sont présents sur tout le territoire et peuvent intervenir, soit en établissement hospitalier ou équivalent, soit à domicile.
Il est important pour bien accompagner le patient en fin de vie de connaître ses souhaits. Aujourd’hui en France, le patient en fin de vie a le droit d’être respecté pour des préférences qu’il aurait fait connaître : a-t-il rédigé des directives anticipées ? A-t-il désigné une personne de confiance ? Quel est son seuil d’obstination déraisonnable ? Souhaite-t-il une sédation profonde et continue jusqu’au décès ? Où préfèrerait-il mourir ?
Si les préférences du malade sont connues, cela permet d’organiser à l’avance la prise en charge en conséquence :
- s’il préfère mourir à domicile, ce sera le médecin traitant qui interviendra, avec éventuellement l’aide d’une équipe mobile de soins palliatifs, d’un réseau de santé, ou d’une hospitalisation à domicile (HAD)
- si le malade ne souhaite pas mourir à domicile ou qu’il y a un risque d’épisode aigu particulièrement difficile à gérer à la maison (hémorragie, etc.), des contacts seront pris pour pouvoir l’hospitaliser au bon moment dans une unité de soins palliatifs ou dans une autre structure hospitalière
L’anticipation n’est pas toujours aisée et dépend du cas de chacun. Le patient ou ses proches ne doivent pas hésiter à interroger le médecin sur des symptômes ou complications qui risquent de survenir au cours de cette dernière phase de la maladie, s’ils souhaitent s’y préparer au mieux. Le malade peut aussi choisir de ne pas vouloir aborder si précisément les conditions de sa fin de vie, ce qu’il est important de respecter.
Comment anticiper et accompagner ?
Les traitements symptomatiques (médicaments, kinésithérapie, orthophonie), notamment dans la maladie de Parkinson, permettent de maintenir pendant de nombreuses années un bon confort de vie. Progressivement, des symptômes résistants aux traitements usuels vont apparaître, qui vont non seulement altérer de plus en plus l’autonomie globale du patient, mais aussi engager son pronostic vital.
Au cours des consultations de suivi, le médecin cherchera comment aider à pallier au mieux les déficits successifs : aides à la personne (soins du corps, aides techniques à la marche), adaptation de l’environnement, etc. Il saisira aussi ces occasions pour discuter avec le patient, sa personne de confiance et ses autres proches, de ses volontés relatives au projet de soins qui peut lui être proposé et de ses directives anticipées. En effet, il est souhaitable que l’entourage familial et/ou aidant, qui sera de plus en plus sollicité pour assumer les phases tardives de la maladie, prenne part à ces discussions anticipées.
L’apparition de troubles de la déglutition est en général le témoin du fait que la maladie entre en phase avancée. Le recours à une alimentation artificielle par le biais d’une gastrostomie (intervention consistant à relier l’estomac à la peau par un orifice au travers duquel l’alimentation est délivrée) est parfois proposé si l’on pense qu’il peut permettre le maintien d’une bonne qualité de vie.
Il peut à l’inverse être discuté de la non mise en route de ce traitement. Le patient sera alors accompagné à mourir avec des soins palliatifs, de façon à ne pas souffrir de cette non alimentation et de s’assurer qu’il soit confortable et non douloureux. S’il est toujours en état de décider pour lui-même, il dira ce qu’il souhaite. Si aucune alimentation ne peut être maintenue, il pourra demander une sédation profonde et continue jusqu’au décès dans les conditions précisées par la loi. Dans les autres cas, c’est-à-dire s’il n’est plus en état de s’exprimer et en fonction de ce qu’il a écrit dans des directives anticipées ou fait savoir à sa personne de confiance, il pourra aussi être envisagé de ne pas poser de gastrostomie, ni mettre en route une alimentation artificielle.
Cette décision ne pourra être prise qu’à la suite d’une procédure collégiale. Si elle est prise, elle devra être systématiquement associée à une sédation profonde et continue jusqu’au décès, de façon, comme le dit la loi, d’être assuré que le patient ne souffre pas sans pouvoir l’exprimer.