Jeudi 17 mars dernier, le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (Centre National Fin de Vie Soins Palliatifs) a assisté au Grand Oral de la Santé, organisé par l’Institut Covid-19 Ad Memoriam et la Fédération hospitalière de France (FHF). La première partie de la journée était consacrée à l’hommage aux soignants qui ont œuvrés lors de cette pandémie et au bilan de la crise du Covid-19. La deuxième partie de la journée a donné la parole aux candidats à l’élection présidentielle 2022, afin de leur permettre d’illustrer le volet santé de leurs programmes et échanger avec le public.
Remerciements et bilan des deux années de crise Covid
Plusieurs personnalités se sont succédé afin de commémorer les deux ans du premier confinement lié à la pandémie de Covid-19. L’inauguration prononcée par M. Frédéric Valletoux, président de la FHF, a rappelé l’objectif de l’évènement : permettre un temps de réflexion et de recul sur l’impact de la pandémie sur notre système de santé. M Valletoux a sincèrement remercié les équipes hospitalières et souligné la nécessité d’un système de santé fort, en ajoutant que si le système de santé a tenu pendant la pandémie cela a été grâce à ceux qui le portent. Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’autonomie, a également remercié, au nom de l’Etat, les soignants qui ont œuvré dans la lutte contre la Covid. Thomas Fatome, directeur général de l’Assurance maladie, s’est uni aux remerciements, notamment vers ses collaborateurs, qui ont su s’adapter à la crise pour accompagner au mieux les professionnels et les assurés. Il a souligné les actions inédites, menées par l’assurance maladie (la démarche “aller vers”, le contact tracing, etc.) en lien avec les pouvoirs publics.
Le Professeur Chauvin, président du Haut conseil en santé publique, a ensuite présenté les contours de son Rapport “Dessiner la Santé publique de demain”. Trois défis sont identifiés pour la santé publique de demain :
- Augmenter en France l’espérance de vie en bonne santé, qui est une des plus faible des états membres de l’OCDE
- Réduire les inégalités de santé
- Mieux préparer notre système de santé aux enjeux de demain, notamment à l’augmentation des pathologies chroniques, par le renforcement des moyens consacrés à la prévention collective et plus largement à la promotion de la santé dans toutes les politiques.
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Enfin, Jean-François Delfraissy, président de l’Institut COVID-19 Ad Memoriam, a fait un retour sur son expérience de président du Conseil Scientifique Covid-19, en observant que, durant la crise, politique et médecine se sont souvent entrechoqués et, en absence de données, la première période a probablement témoigné d’un trop grand zèle à vouloir protéger la population dans sa globalité : cela a généré plus de santé que d’humanité. Il a ensuite fait référence à la capacité du système de s’adapter : à titre d’exemple, une reprise épidémique aura lieu dans les semaines à venir, sans pour autant provoquer de tensions à l’hôpital. Il a ensuite évoqué la pertinence de recentrer l’hôpital sur un volet plus technique.
Témoignages avec l’institut Covid-19 Ad Memoriam et table ronde
Créé en mai 2020, l’Institut Covid-19 Ad Memoriam a pour mission de préserver la mémoire de la pandémie via le recueil de témoignages, vidéos, récits autour de la pandémie, afin d’en tirer des enseignements. Des témoignages ont été présentés en direct et des récits ont été lu par des comédiens.
Des professionnels ont également témoigné des impacts de la crise dans d’autres spécialités médicales, telles que la psychiatrie, mais également sur la prise en charge des maladies chroniques, les actions de dépistage et les inégalités sociales, qui ont eu tendance à se creuser durant la crise.
Le Grand Oral des candidats et questions sur la fin de vie
Anne Hidalgo, Olivier Véran (en tant que représentant du candidat président Emmanuel Macron), Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Fabien Roussel ont tour à tour pris la parole une dizaine de minutes afin de présenter les grandes lignes de leur programme pour la santé de demain, avant de répondre à deux questions de professionnels de santé et aux questions de la salle.
Dans leurs propos, tous ont fait part de leurs propositions pour répondre aux enjeux saillants actuels, dont les problématiques des inégalités territoriales et des déserts médicaux, de la santé mentale, de la santé au travail, de la santé des femmes, de la prévention et de la dépendance. Les propositions de solution sont sans surprise différentes, mais toutes insistent plus ou moins sur l’importance de renforcer la démocratie sanitaire ainsi que sur le développement de la recherche et de l’innovation.
Plus spécifiquement sur les soins palliatifs et la fin de vie, deux intervenants ont abordé le sujet en réaction à des questions de la salle. Interrogée sur son positionnement quant à une évolution de la loi sur la fin de vie, Valérie Pécresse a réaffirmé l’importance d’appliquer la loi actuelle, la loi Claeys-Leonetti, avant d’envisager de la modifier. Elle a également déploré les inégalités d’accès aux soins palliatifs et avancé que leur développement fait partie de ses priorités, tout comme le développement de la culture palliative des professionnels sur tout le territoire. Questionné sur les innovations en matière de fin de vie en cas de réélection du président sortant, Olivier Véran a mentionné le projet d’organiser une convention citoyenne sur le sujet, projet que présentait au même moment Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme à Aubervilliers. Après avoir reconnu que la loi Claeys-Leonetti est insuffisamment connue, ce dernier s’est effectivement engagé s’il est réélu à adresser la question de la fin de vie à une convention citoyenne et à soumettre les conclusions qui en seront tirées au Parlement ou au référendum. Il s’agit pour lui d’un bon moyen de « cristalliser une décision instruite, connue et toujours si difficile sur le plan éthique ».